Le plein S.V.P. - Great Sand Dunes - Colorado




La haute vallée du Rio Grande, San Luis Valley, est presque entièrement couverte de prairies et de cultures. C'est une vallée de rift, bordée à l'ouest par le massif des San Juan, et à l'est par la chaîne des Sangre de Cristo. Appuyé contre cette dernière, à 2500 m d'altitude, se sont amassés au fil des millénaires 4,8 milliards de mètres cubes de sable, qui forment un mini désert de 78 km2 au milieu de la verte vallée.

Une partie de ce sable descend des Sangre de Cristo. Mais la part la plus importante, au grain plus fin, est amenée depuis les San Juan par les vents du sud-ouest dominants. Du haut des montagnes, ils glissent vers la vallée, où ils viennent buter contre le versant abrupt des Sangre de Cristo. Là, le vortex abandonne les grains de sable qui s'amoncèlent dans une alcôve au flanc de la montagne : les dunes les plus hautes dépassent 200 mètres. Medano Creek (littéralement le Ruisseau des Dunes) naît dans les Sangre de Cristo et coule vers le sud entre montagne et dunes. Son courant emporte les grains que le vent y pousse, mais le ruisseau finit par tourner vers l'ouest et ramène le sable au pied des dunes, que le vent reconstitue inlassablement. Pendant les périodes sèches, Medano Creek disparaît sous le sable, où il continue de couler doucement. Les dunes les plus importantes sont stabilisées par l'humidité, que l'on trouve parfois à vingt centimètres de profondeur à peine.

Avec le vent et le sable, un peu d'or des San Juan parvient jusqu'au Monument, mais les tentatives d'exploitation ne se montrèrent jamais profitables. En 1932, Herbert Hoover créa le Monument National et toute prospection dut cesser. On imagine mal, d'ailleurs, qu'un métal aussi lourd puisse être entrainé aussi loin par le vent en quantités considérables. A défaut d'or, vous trouverez peut-être des fulgurites : le sable, principalement constitué de silice, est mauvais conducteur. Lorsque la foudre frappe les dunes, sa puissance est telle que les grains de quartz peuvent être fondus, voire sublimés, sur plusieurs mètres de longueur. Parfois, l'éclair s'enfonce dans le sol, d'autres fois il court en surface ou se divise. Les grains fondus se solidifient en une barre ou un tube dont la diamètre atteint généralement quelques millimètres et la longueur plusieurs mètres. Ce verre, fragile, est bientôt fragmenté en morceaux qui excèdent rarement 3 ou 4 centimètres. Les fulgurites n'ont qu'une faible valeur marchande (le sable et la foudre ne sont pas des choses rares !), mais certains mystiques les recherchent, comme un concentré d'énergie canalisée.

Une chose est sure : mieux vaut laisser cet emploi au sable. Si vous voyez approcher un orage, rejoignez votre voiture. Et s'il est trop tard, accroupissez-vous sur vos talons, les pieds joints, même si cela n'est pas très confortable : c'est la position la moins dangereuse.

Plusieurs pistes permettent de visiter le Monument à pied. Attention : l'été, la température du sable atteint 60°C, n'allez pas nu-pieds ! Le contraste est spécialement marqué lorsque les montagnes sont couvertes de neige : cet erg au pied des pics déchiquetés est étonnant et magnifique. Peut-être encore plus surprenant : il n'est pas rare, en hiver, qu'on fasse du ski de fond sur les dunes enneigées !

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